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[FAQ] Vente en vrac : que sait-on sur cette tendance de la consommation responsable ?
- Qu’est-ce que le vrac ?
- Quels sont les produits concernés et où sont-ils accessibles ?
- Quels sont les systèmes de distribution des produits les plus répandus ?
- Y a-t-il un véritable engouement pour le vrac et qui sont les consommateurs qui font le choix de ce mode de consommation ?
- Est-ce que le vrac permet réellement de réduire les déchets d’emballages ?
- Le vrac est-elle une solution performante pour réduire les impacts sur l’environnement ?
- Est-ce que le vrac permet de réduire le gaspillage alimentaire ?
- Est-ce que le vrac est sûr d’un point de vue sanitaire ?
- Comment éviter certains comportements malhonnêtes de clients qui intervertissent des références ? Par exemple se servir en café bio haut de gamme et apposer une étiquette de café bas de gamme…
- Le vrac est-il moins cher ?
- Les marques de la grande consommation se sont-elles lancées dans la vente en vrac ?
- Quelles sont les perspectives de développement du vrac en France ?
L’article 41 de la loi anti-gaspillage et pour une économie circulaire (modifiant l’article L 120-1 du code de la consommation) définit le vrac comme « la vente au consommateur de produits présentés sans emballage primaire en quantité choisie par le consommateur, dans des contenants réemployables ou réutilisables ».
Selon l’ADEME*, 2 types de produits sont fortement représentés dans les rayons vrac :
- Les produits alimentaires : produits secs (type sucre, pâtes, farine, épices, riz, céréales, biscuiterie et confiserie, aliments pour animaux), fruits et légumes, liquides (vin, vinaigres, huiles…) ; et la vente de produits frais à la coupe (fromage, viande, charcuterie), que l’on peut considérer comme de la vente en vrac.
- Les produits d’entretien, les lessives et les produits cosmétiques.
Pour des raisons de santé publique, les produits suivants ne peuvent pas être vendus en vrac : lait, compléments alimentaires, produits alimentaires infantiles et produits surgelés ; et pour des raisons de traçabilité, les produits AOP (Appellation d’Origine Protégée). Un projet de décret est en cours pour venir compléter cette liste.
Selon le Réseau vrac, 50% du chiffre d’affaires des produits vendus en vrac est réalisé dans les rayons vrac de la grande distribution, 45% dans les magasins spécialisés bio (MSB) et 5% dans les magasins spécialisés vrac (MSV).
L’association Réseau Vrac propose un référencement des magasins spécialisés.
Selon l’étude d’octobre 2020 du Réseau Vrac et Nielsen**, 4 foyers sur 10 achètent en vrac. Côté profil consommateurs, l’étude menée en 2019 par Kantar, mentionne les cadres qui résident en zone urbaine et les foyers composés d’une personne de moins de 35 ans.
Les consommateurs convaincus citent les avantages suivants* : le choix de la quantité voulue, la réduction des emballages et le fait que le vrac apporte la garantie d’un produit de qualité. Et parmi les freins évoqués au choix du vrac : le prix, l’hygiène, le manque d’information sur les produits et la praticité.
Toujours selon la même étude, le marché du vrac pèse aujourd'hui 1,3 milliard d'euros alors qu'il dépassait à peine 100 millions en 2013. Même partiellement ralentie par la crise, la croissance du vrac était de + 8% entre 2019 et 2020 (+ 40 % entre 2018 et 2019). Le nombre de magasins équipés de silos de distribution en libre-service a bondi de 60 % et dépasse aujourd’hui 400.
En revanche, depuis 2020 le chiffre d’affaires stagne. En cause, les nouvelles habitudes de consommation des suites du confinement : réduction du temps dédié aux courses et augmentation de la commande en ligne/drive, ne sont pas alignés avec l’achat de produits en vrac. L’évolution dans les années à venir sera donc structurante, à suivre !
Une étude de l’ADEME* apporte des données précises sur la comparaison entre produits préemballés (c’est-à-dire emballés avant d’être mis en rayon) et produits vendus en vrac (qui peut être emballé par le consommateur sur le lieu de vente) : sur 10 scenarii étudiés, on constate une réduction significative de la masse d’emballages utilisés (conditionnement amont inclus) pour 8 scenarii.
Néanmoins, il est difficile de faire des généralités alors que chaque point de vente pour chaque produit peut avoir des pratiques différentes. Il est aussi difficile de comparer le vrac, qui n’en est qu’au début de son développement, avec les produits préemballés à usage unique qui bénéficient de chaînes de production et logistique optimisées.
Si le vrac est souvent présenté comme une solution « zéro déchet », ce mode de distribution n’évite pas le recours aux emballages :
- Pour le transport des produits depuis le lieu de production jusqu’au lieu de vente ; avec parfois des étapes intermédiaires pour certains produits transformés, comme les cosmétiques ou les biscuits. Pour limiter les impacts, on trouve parfois des palettes réutilisables ;
- Sur le lieu de vente, pour emballer et transporter les produits jusqu’au domicile (ou autre lieu de consommation) : il s’agit principalement d’emballages à usage unique, type sachets papier avec ou sans fenêtres en plastique. Les enseignes proposent de plus en plus d’emballages réemployables associés à la vente en vrac : par exemple, des contenants vides peuvent être vendus sur place aux consommateurs qui peuvent les utilisés plusieurs fois. Parfois, les consommateurs sont encouragés à apporter leurs propres contenants propres et en bon état, pour faire leurs achats en vrac. Et côté circuit industriel, des dispositifs de réemploi des emballages se mettent en place. Par exemple, dans la cosmétique, la start-up Cozie récupère et lave des flacons avant de les remettre à la disposition des consommateurs.
Les emballages à usage unique liés à la vente en vrac devraient diminuer au profit d’emballages réemployables, comme la loi AGEC le précise : « la vente au consommateur de produits présentés sans emballage primaire en quantité choisie par le consommateur dans des contenants réemployables ou réutilisables ».
Le bilan de la dernière Analyse de Cycle de Vie de l’ADEME* qui compare le vrac au préemballé est mitigé. Certains scenarii ne sont pas toujours favorable au vrac. Ils permettent néanmoins de mettre en évidence les 2 facteurs qui impactent le plus le bilan global du vrac :
- La masse d’emballages, avec comme solutions : limiter le conditionnement et réemployer les contenants et les emballages en amont ;
- La perte de produit tout au long de la chaine (stockage, distribution, chez le consommateur), avec comme solutions : la mise en oeuvre de bonnes pratiques de stockage, des équipements de distribution adaptés et entretenus et l'information des consommateurs sur la durée de consommation des produits.
Par ailleurs, les actions suivantes sont des prérequis pour limiter au maximum l’impact environnemental du vrac :
- Limiter le gaspillage alimentaire : en magasin, en investissant dans un meuble de distribution fonctionnel et en formant un personnel dédié sur le lieu de vente ; sur le lieu de consommation voire directement chez le consommateur, en le conseillant au mieux sur la conservation à la maison ;
- Limiter les emballages à usage unique sur le lieu de vente en faveur d’emballages réemployables ;
- Optimiser le conditionnement des produits, de la production à la mise en rayon, pour trouver un compromis entre le besoin de protection des produits et le recours aux emballages à usage unique.
Aujourd’hui, il n’existe pas encore d’étude qui permette de l’affirmer ou de l’infirmer. Les produits préemballés à usage unique et ceux vendus en vrac ont chacun des avantages pour éviter le gaspillage :
- Les produits préemballés bénéficient d’une protection qui permet de les conserver plus longtemps et d’éviter leur périssement ; c’est particulièrement le cas pour les produits transformés ou importés ;
- Le vrac permet de choisir la quantité de produits souhaitée et ainsi d’éviter d’acheter plus que ce que l’on consomme. Des bonnes pratiques permettent d’aller plus loin : mettre à disposition une balance pour que le consommateur évalue la quantité choisie ; choisir des équipements adaptés et fonctionnels pour faciliter l’accès aux produits : par exemple, des pelles adaptées à la taille des bacs, un système de déversement progressif des silos, etc ; opter pour des alternatives au meuble vrac « classique » qui permettent de visualiser la quantité de produits qui se déverse, ou encore de saisir le poids désiré pour un produit précis. Attention cependant, un état des lieux mené dans le cadre de l’étude de l'ADEME montre que les pertes produit en magasin sont 3 fois supérieures pour le vrac que pour le préemballé.
Il existe certains risques sanitaires liés à la distribution de produits vendus en vrac qui peuvent être réduits/éliminés si les gestes recommandés par les lieux de vente et le Réseau Vrac, et les règles d’hygiène sont appliqués :
- Les silos et bacs doivent être nettoyés (lavage industriel externalisé, ou lavage manuel avec produits détergents adaptés) à chaque changement de lot, notamment pour permettre leur traçabilité ;
- Les alentours du rayon doivent être régulièrement nettoyés pour éviter aux produits déversés par accident de stagner ;
- L’équipement et son organisation doit aussi être pensé de manière à éviter les contaminations croisées (produits alimentaires/non-alimentaires, allergènes, etc)
- Les gestes barrières spécifiques au Covid doivent être respectés.
Vous pouvez demander aux équipes de votre point de vente quel est un protocole de nettoyage appliqué.
C’est effectivement un risque. Pour le limiter, on peut favoriser les contenants transparents qui permettent de voir les produits. Il existe aussi des meubles vrac « intelligents » qui génèrent automatiquement les étiquettes produits (cf. SmartVrac).
D'après une étude menée par l'ADEME et l'Institut National de la Consommation, un produit acheté en vrac est entre 10 et 15% moins cher qu'un produit préemballé. Cependant, ce constat est à nuancer par le caractère souvent biologique et/ou premium des produits en vrac, vendus plus chers. Pour les produits type détergents ou les lessives par exemple, la comparaison avec l’équivalent préemballé est difficile à établir. Tout d'abord car la lessive en vrac est vendue au kilo, ce qui rend complexe la comparaison avec un calcul usuel en litres.
Une étude de l’ADEME a comparé les prix de références vendues en vrac avec leur équivalent préemballé. Elle a montré que, à produit égal, les références bio étaient souvent moins chères en vrac, tandis que les références non bio étaient au contraire plus onéreuses en vrac qu’en préemballé.
Oui, et de plus en plus. Voici quelques expérimentations en cours : Danone (à travers leur marque bio Faire Bien) et Babybel (avec leur produit phare et une version bio) dans les points de vente, Michel et Augustin (biscuits apéritifs au fromage) dans les enseignes de vente en vrac Daybyday et Yves Rocher dans les magasins franchisés de l’enseigne.
Par ailleurs, dans 4 magasins Franprix d’Ile-de-France, 12 marques (Taureau Ailé, Bénénuts, Kellog’s, Carte Noire, etc) ont récemment proposé leurs produits au rayon vrac pendant quelques mois. Une étude pour évaluer la perception des consommateurs a été réalisée par l’Ilec et Citeo. Elle montre notamment que 75% des personnes interrogées considèrent la présence des marques dans les rayons vrac comme un gage de qualité qui inspire confiance, car elle rassure sur l’origine du produit.
Notons aussi l’initiative de Système U qui a lancé en septembre 2021 un rayon papeterie test dans 8 magasins. La nouveauté ? Les produits sont proposés sans emballages. Enveloppes, crayons, feutres… tout est vendu à l’unité. Les éléments d’information indispensables sur les produits, comme les codes-barres, sont imprimés directement dessus ou figure dans des leaflets à disposition des clients au sein du rayon et sur le site internet magasins-u.
L’étude Réseau Vrac x Nielsen démontre aussi un certain intérêt des consommateurs pour les marques de la distribution. En effet, 54% des consommateurs souhaitent avoir la possibilité d’acheter leurs marques habituelles au rayon vrac. De plus, lorsqu’ils sont interrogés sur les freins à la consommation de produits en vrac, 20% d’entre eux regrettent de ne pas trouver leurs marques au rayon vrac.
A lire aussi
Etude Ilec x Citeo : grandes marques et vente en vrac
Certaines prévisions indiquent que le marché du vrac pourrait dépasser 3 milliards d’euros en 2022.
Tout d’abord, la loi Climat et Résilience pourrait inciter le développement de la vente en vrac, obligeant les commerces de plus de 400m2 à consacrer 20% de leur surface à la vente de produits sans emballage primaire.
Citeo accompagne la réflexion des industriels et des distributeurs sur le développement de la vente en vrac. Au travers d’études, elle contribue à faire progresser la connaissance sur le comportement des consommateurs et les bénéfices environnementaux des solutions de vrac, en complémentarité du réemploi et du recyclage (Cf. étude avec l’Ilec sur le vrac et les marques).
Aussi, nous voyons de plus en plus apparaître de nouvelles innovations permettant de distribuer en vrac des produits plus variés (produits frais, poudre, produits visqueux, détergents, etc.) ce qui pourrait également participer au développement de cette pratique.
* Les études ADEME citées : "Analyse et recommandation liées aux risques sanitaires de la distribution en vrac en France" ; "Panorama et évaluation environnementale du vrac en France : état des lieux et analyse des pratiques" ; "Analyse comparative des prix de produits vendus en vrac vs en préemballé".