Comment le réemploi d’aujourd’hui réinvente la consigne d’hier...
59% des Français déclarent avoir significativement intégré l'impact environnemental dans leurs choix de consommation. Et si rapporter ses emballages étant l'un d'eux ?
C'est en tout cas l'intention du gouvernement, qui a fixé un objectif de 5 % d'emballages réemployés pour 2023 et de 10 % à horizon 2027.
Alors comment encourager les Français à adopter ce nouveau comportement ? En apprenant et en s'inspirant de la consigne des emballages, qui était pratiquée jusque dans les années 1990 avant d'être progressivement abandonnée (sauf en Alsace). Pourtant, entre la consigne d'hier et le réemploi d'aujourd'hui, les usages et les technologies ont évolué. Alors, qu'est-ce qui change ?
Voir plus loin que la bouteille en verre
Dans l'imaginaire collectif, la consigne reste associée aux bouteilles en verre le plus souvent de bière ou de vin, que l'on rapportait à l'épicerie contre une petite somme d'argent intégrée au prix de vente. Et d'ailleurs, dans les secteurs d’activité et les régions où le réemploi des emballages perdure, il s'agit toujours de bouteilles consignées (en Alsace pour la bière Météor par exemple, ou dans le réseau des cafés, hôtels et restaurants pour les boissons).
Aujourd'hui, le réemploi des emballages voit plus grand et vise plus large : parmi les emballages consignés, on retrouve ainsi des emballages et contenants en verre ou en plastique pour des plats de repas à emporter, des barquettes en inox, des flacons dans la cosmétique ou encore des petits pots pour bébés !
Réemployer les emballages en verre, en inox, en plastique… et même les sachets en tissu
En même temps que le réemploi s'étend à d'autres emballages que la bouteille, il s'étend aussi à d'autres matériaux. Certes le verre, par sa résistance, continue d'être le matériau le plus courant des emballages réemployables, mais les savoir-faire et les technologies permettent dorénavant de proposer des emballages réemployables faits d’autres matériaux : le plastique, notamment en polypropylène (PP) comme le colis réemployable pour le e-commerce de la start-up Hipli, l’inox mais aussi le tissu, plébiscité par les consommateurs par exemple pour l’achat de produit en vrac.
De nouvelles manières de récompenser le geste de retour
Hier, en échange du retour d'un emballage, le consommateur récupérait la consigne, une petite somme d'argent intégrée au prix de vente du produit. Aujourd'hui, les modèles varient énormément, et le consommateur n'attend pas forcément une rémunération en espèces sonnantes et trébuchantes pour son geste de retour.
Marques et distributeurs expérimentent différents systèmes, avec aujourd'hui l'objectif d'identifier ceux qui fonctionnent le mieux pour déployer le réemploi à grande échelle :
- des bons d'achat ou de réduction à appliquer dans les magasins où les emballages sont rapportés ; ces bons peuvent également être numériques, pour une utilisation plus facile,
- la conversion des bénéfices du retour des emballages en dons à des associations,
- un système de retour volontaire misant sur la seule motivation du consommateur à adopter des comportements durables,
- la remise de quelques centimes, comme c'était l'usage avant !
Rapporter ses emballages partout et à toute heure, grâce aux automates de collecte !
Hier les emballages devaient être retournés au commerce qui vous les avait vendus, c'est-à-dire le plus souvent chez l'épicier. Aujourd'hui, grâce à la technologie, les emballages peuvent être retournés à différents endroits. La facilité de retour est essentielle pour garantir le succès du réemploi auprès des consommateurs.
Alors comment ? Grâce aux Reverse Vending Machines (ou automates de collecte) : des machines disposées le plus souvent dans les grandes surfaces. Des exemples de meubles dits « passifs », associés à une application mobile pour gérer le retour et le remboursement de consigne, ont également fait leur apparition.
Vers un lavage toujours plus écologique !
La vertu du réemploi des emballages réside principalement dans son bilan environnemental. A quoi bon rapporter et réemployer des emballages usagés si leur nettoyage et leur remise en circuit représentaient davantage d’émissions de CO2, de consommation d'eau, d'électricité et de ressources qu'il n'en faut pour en recycler et créer de nouveaux ?
C'est la raison pour laquelle les entreprises du réemploi cherchent à réduire au maximum le bilan environnemental de leurs opérations, notamment de lavage. Créée en 2018, la start-up Uzaje dispose de plusieurs centres de lavage industriel sur le territoire français, sites où elle nettoie bocaux et bouteilles de la GMS et de la restauration collective.
La force de ses machines ? Leur faible consommation d'eau, d'énergie, mais aussi de produits lessiviels. La start-up alimente ses machines en électricité verte et certains dispositifs possèdent même un système de récupération des eaux de lavage !