Les Français prêts à adopter de nouveaux comportements de consommation
L’ambition de cette vaste enquête quantitative réalisée auprès de 4 000 Français est d’établir une cartographie de l’ensemble de pratiques de consommation des Français qui ont vocation à favoriser la réduction de la consommation de matière, notamment par l’allongement de la durée de vie des produits ou par l’intensification de leur usage : rapport aux emballages et à l’éco-conception, récupération, réparation, achat et vente d’occasion, location, abonnement et économie de l‘usage, montée en gamme…
Les résultats de l’Observatoire font ainsi apparaître :
- Une généralisation du tri dont le geste est largement acquis et qui semble s’être intensifié (près de 8 Français sur 10 trient systématiquement ou régulièrement leurs déchets ; 60% estiment trier et recycler davantage qu’il y a 5 ans) ;
- 7 Français sur 10 se disent dorénavant préoccupés par le sujet des emballages, majoritairement (55%) par les emballages en plastique ;
- Un décollage du « vrac », pratiqué par plus d’un Français sur deux au cours des 12 derniers mois ;
- Une appétence à l’égard des matériaux recyclés dans les emballages et les produits dont l’affichage obligatoire sur les produits constituerait un critère de choix pour une majorité de Français ;
- Une diffusion des pratiques de récupération (glanage, réutilisation de sacs et de contenants divers) ;
- Une banalisation de l’occasion avec près de 60% des Français qui déclarent avoir acheté des produits d’occasion et 50% en avoir vendu. Les vêtements, les livres, DVD ou CD et les jeux ou jouets se placent en tête des produits les plus achetés ou vendus ;
- Un intérêt fort pour de nouvelles offres ou dispositifs témoignant de la disposition des Français à s’engager davantage dans de nouvelles manières de consommer relevant de l’économie circulaire : points de collecte volontaires dans les magasins fréquentés, emballages réutilisables pour le e-commerce, recours à des ressourceries ou des repairs cafés ainsi que des plateformes d’échange entre particuliers.
L’étude révèle des gisements de croissance potentiels auxquels de nombreux freins de natures différentes, culturelles ou structurelles font obstacles :
- Un déficit d’informations apparent au sujet des bonnes pratiques du tri chez 30 % des Français, et chez près du double concernant le caractère recyclable et/ou recyclé des matériaux utilisés et leur présence dans les emballages ;
- La perception par 23% de la population d’un manque de dispositifs de collecte dont l’accessibilité apparaît cependant comme le levier d’incitation le plus efficace. Plus d’un tiers des Français déclarent ne pas disposer d’infrastructures suffisantes pour trier les déchets végétaux, les encombrants et les films et sacs plastiques ;
- Un poids des habitudes en faveur du remplacement des produits, très souvent suite à une panne qui ne fait pas l’objet d’une tentative de réparation chez une majorité de Français (65%), tous équipements confondus ;
- Une économie de l’usage qui peine à décoller avec un attachement à la propriété qui demeure en réalité élevé pour une majorité de catégories de produits. Faute d’une offre adaptée, le recours à la location stagne à un niveau très faible (84% des Français déclarent ne pas y avoir eu recours) et l’économie de l’abonnement reste concentrée sur des services de divertissement.
A l’exception d’un groupe très engagé que l’on pourrait qualifier de « jeunes écolo bobo » (12% de l’échantillon), en pointe sur toutes les pratiques, les Français se caractérisent par une hétérogénéité d’approches qui distinguent rapport au tri et au recyclage et celui du recours à l’occasion et à l’économie de l’usage.
Face à cette hétérogénéité, l’étude pointe la diversité des différents leviers rationnels ou émotionnels à activer pour mobiliser les consommateurs en vue du développement de l’économie circulaire : sensibilisation, information, accessibilité des infrastructures, etc.
L’Observatoire souligne également que la disposition à adopter des pratiques relevant de l’économie circulaire est dépendante de la préexistence des offres et des infrastructures adaptées dont l’accessibilité est clé.
A côté de l’élément moteur que constitue la montée en puissance de la préoccupation environnementale, le développement de l’économie circulaire suppose d’embarquer un public moins sensibilisé dont la mobilisation passera principalement par des bénéfices avant tout individuels.
Méthodologie
L’Observatoire du rapport des Français à l’économie circulaire s’appuie sur une enquête en ligne conduite sur le panel de Respondi entre le 17 et le 31 mai 2019, auprès d’un échantillon de 4001 personnes représentatif de la population française âgée de 18 à 70 ans. Afin de garantir la représentativité de l’échantillon, des quotas ont été établis sur la population globale interrogée suivant les critères suivants : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle, région de résidence, taille de l’agglomération de résidence et le niveau de diplôme. Un redressement a été appliqué aux données brutes pour assurer un ajustement fin de l’échantillon final aux quotas nationaux.