Intégrer du recyclé dans les emballages : quels enjeux ? quelles perspectives ?
Accélérer l’intégration de recyclé : des enjeux environnementaux et réglementaires
Recycler la matière et la réintroduire dans la fabrication de nouveaux emballages ou objets est l’illustration parfaite de la boucle de l’économie circulaire. Automobile, textile, et bien sûr emballage, de nombreux secteurs d’activité utilisent de la matière recyclée, notamment issue des emballages triés par les Français via la collecte sélective.
Aujourd’hui, l’urgence environnementale et l’épuisement des ressources nécessitent d’accélérer la dynamique car l’intégration de matière recyclée permet un vrai bénéfice pour la planète :
- Quand on utilise de la matière recyclée, on évite le recours à la matière vierge et aux opérations d’extraction des ressources qui servent à les fabriquer ;
- On limite aussi les émissions de carbone car les procédés de recyclage sont moins émetteurs de carbone et consomment moins d’énergie que les procédés de fabrication de matière vierge. On sait par exemple que sur les deux indicateurs majeurs que sont le réchauffement climatique et la consommation d’énergie non renouvelable, les granulés de PET recyclé sont avantageux par rapport au PET vierge : c’est trois fois moins d’émissions de CO2 et trois fois moins d’énergie non renouvelable nécessaires à leur production.
Ainsi, les objectifs réglementaires qui portent notamment sur les emballages en plastique sont plus ambitieux :
- La Directive Single Use Plastique (SUP) a fixé l’objectif de 25% minium de recyclé dans les bouteilles en PET dès 2025 ; et de 30% de recyclé dans les bouteilles en plastique pour boisson (toutes résines plastiques confondues) d’ici 2030.
- Le projet de règlement révisant la directive 94/62/CE sur les emballages et déchets d’emballages (PPWR) prévoit d’aller plus loin. Les objectifs d’intégration de recyclé seraient élargis à l’ensemble des emballages en plastique avec des ambitions différentes en fonction de la spécificité des produits (produits alimentaires, produits dits “sensibles" comme la cosmétique, par exemple...).
Les défis à relever
Pour intégrer plus de la matière recyclée dans les emballages et produits, les acteurs économiques ont de nombreux défis à relever :
- Pour intégrer cette matière, il faut d’abord qu’elle soit disponible ! Et le principal levier pour rendre disponible la matière recyclée est le tri des emballages par les citoyens. Les bacs de tri sont les “réservoirs” de la matière qui au bout du process de collecte, tri industriel et recyclage, devient une matière recyclée prête à intégrer de nouveaux emballages ou objets. Il est donc indispensable de booster la collecte sélective, en permettant aux citoyens de trier plus et mieux au domicile comme dans les espaces publics et naturels (densification et adaptation des équipements tri aux usages et besoins, tri hors foyer, communication auprès des citoyens, systèmes de gratification…). Cet enjeu d’approvisionnement « en local » est clé pour les acteurs économiques.
- La matière d’origine doit être de très bonne qualité. Impossible d’intégrer dans les process de fabrication des matières non conformes, abimées, dégradées… Pour les emballages, la solution est l’écoconception : concevoir dès l’origine des emballages monomatériaux, sans perturbateurs du recyclage… En clair, assurer une recyclabilité et un rendement maximaux. Au travers des comités techniques coanimés avec les filières matériaux (COTREP plastiques, CEREC papiers et cartons, ALUTREC aluminiums petits et souples, COTREM emballages rigides métalliques, COTREV verre), des projets de R&D font progresser la recyclabilité des emballages et des papiers.
La preuve par l'exemple avec la ligne test de recyclabilité COTREP x IPC
Une ligne test de recyclage pour les emballages souples en plastique
- La matière recyclée est d’autant plus contrôlée quand il s’agit de l’intégrer dans des emballages au contact de produits alimentaires. Aujourd’hui, dans la famille des plastiques, seul le PET des bouteilles d’eau ou de certaines bouteilles de lait est autorisé à être réincorporé dans des emballages alimentaires : c’est le principe du « bottle-to-bottle ». Aujourd’hui de nouvelles filières de recyclage se développent avec par exemple, l’objectif de recycler les pots de yaourt en PS pour refaire de nouveaux pots de yaourt, ou des barquettes alimentaires pour refaire des barquettes. Si elle reste évidemment extrêmement stricte en matière de respect des normes sanitaires, la réglementation évolue pour s’adapter aux nouvelles technologies de recyclage qui vont permettre de produire une matière apte au contact alimentaire pour des emballages qui jusqu’à présent n’en avaient pas la possibilité.
- Dernier enjeu clé, avoir une bonne traçabilité de la matière recyclée (d’où vient-elle ? quels sont les matériaux d’origine qui ont permis de la concevoir ? quelles transformations a-t-elle subi ? …) pour pouvoir donner une information transparente aux acteurs industriels et aux consommateurs, de plus en plus sensibles aux allégations mensongères et au greenwashing. Premier point : s’appuyer sur les mécanismes d’audit qui permettent de contrôler la traçabilité des matières et de les certifier. Deuxième point : mieux encadrer les chaînes de contrôle utilisées par les nouvelles technologies de recyclage des emballages en plastique, notamment le Mass balance, et la communication sur les produits associée.
Mass balance : focus sur une chaîne de contrôle à mieux encadrer
Une chaîne de contrôle c'est l'ensemble des étapes à travers lesquelles les informations sur les matières qui entrent et sortent d’une usine sont transmises, suivies et contrôlées, lors de la fabrication de produits ou d’emballages.
Avec le développement de technologies de recyclage innovantes, ces chaînes de contrôle questionnent notamment du point de vue de la traçabilité et de la communication sur les produits et emballages, et en particulier le Mass balance. On vous explique en vidéo.
Passez à l'action !
Ce qu’il faut retenir de la position de Citeo sur le sujet :
- Les chaines de contrôle doivent s’adapter au mieux aux différentes technologies de recyclage utilisées, en particulier les procédés innovants ;
- La traçabilité et la transparence des informations associées aux produits et emballages fabriqués à partir de ces nouvelles matières doivent être rigoureuses pour garantir la confiance entre les acteurs économiques eux-mêmes, et celle des consommateurs vis-à-vis des marques ;
- Les pouvoirs publics, notamment au niveau européen, doivent fixer un cadre clair et commun pour éviter les dérives en matière de communication.
Découvrez la position de Citeo et de plusieurs éco-organismes sur les nouvelles technologies de recyclage des plastiques et leurs chaines de contrôle
Stimuler l’offre et la demande de matière recyclée : Comment faire ?
Créer un marché dynamique de la matière recyclée, notamment pour rendre son prix plus compétitif, repose sur deux leviers : le levier réglementaire qui, en fixant des objectifs ambitieux, poussent les acteurs à l’action ; et le levier financier, à l’image du principe d’éco-modulation du tarif de Citeo qui encourage l’intégration de matières recyclées.
Tout savoir sur cette éco-modulation appliquée aux emballages en plastique en 1 minute !
Voir ou revoir le replay de la matinée R&D Citeo dédiée à l’intégration de plastique recyclé (juin 2023).